J’ai peur

J'ai peur - There is NO Planet B

Pour renforcer ce cliché que les Français se plaignent tout le temps, j’écrivais dernièrement un message à une copine sur le froid qu’il faisait à Paris. Non mais sérieusement, qui avait donné l’idée au soleil de se barrer si brutalement ? Et comme ça, d’un jour à l’autre, il s’est mis à faire plus de 30 degrés. Mon premier réflexe fut évidemment de me plaindre qu’il faisait trop chaud. Puis je me suis mise à avoir peur. 

Des peurs, j’en ai pas mal. J’ai peur des orages, de l’Intelligence Artificielle, des films d’horreur, d’avoir une haleine de chacal, des serial-killers qui sont dans Faîtes entrer l’accusé, des poules, des chiens méchants, des guêpes et de mourir en ayant des regrets. Mais j’ai aussi peur de vivre à cette époque où les températures font un tel yoyo qu’elles pourraient concourir à un championnat du monde. 

Pourtant, je m’estime chanceuse. Je n’ai pas vu ma maison ravagée par les flammes. Je n’ai pas dû quitter mon foyer à cause d’inondations ou de glissements de terrain meurtriers. Je ne suis pas privée d’eau deux jours sur trois et je n’ai pas vu mes récoltes s’assécher. 

J’ai peur et j’ai la rage. La rage que celleux qui subissent les conséquences les plus graves du changement climatique soient celleux qui n’en sont pas responsables. La rage que ça les tue et que ça les enfonce dans la famine et la pauvreté. La rage de me restreindre de prendre l’avion, quitte à annuler des voyages, alors que certain.e.s utilisent leurs jets privés pour faire 350 km. La rage qu’on m’infantilise et l’on me fasse culpabiliser pour que j’éteigne ma lumière alors que des propriétaires de boutiques de luxe y mettent les pleins phares toute la nuit. La rage que l’Homme soit con. Tellement con qu’il passe plus de temps à s’entretuer et à essayer de s’enrichir qu’à essayer de sauver sa peau et celle des autres espèces. La rage d’avoir de plus en plus de mal à me projeter dans un monde qui paraît de plus en plus flou. 

Pire que tout ça, alors que je m’étais jurée d’être optimiste, j’ai la rage de me sentir impuissante et de croire que marcher pour la planète la sauvera. J’ai la rage de ne pas avoir le courage de faire des actions puissantes pour faire bouger les dirigeant.e.s de ce monde. 

J’ai toujours envie de croire qu’avec nos petits gestes du quotidien, on va sauver la biodiversité et la planète. Mais je suis aussi à quatre/cinq doigts de me demander si ce n’est pas un peu vain et naïf. Alors, on fait quoi pour ne pas se taper la tête contre les murs ou avoir envie d’avaler un bidon d’essence ? 

Quel peut être le pansement pour nos esprits éco-anxieux ? Si je suis bien consciente que ce n’est pas une maladie, c’est tout de même contagieux et nous sommes beaucoup à en être affectés. Malgré tout, cette sensibilité et cette lucidité qui vont avec peuvent nous montrer qu’un futur vivable est encore possible.

Coupons les infos anxiogènes, renouons avec la nature. Soyons bienveillants les uns avec les autres et envers nous-mêmes. 

Si ça ne marche pas, il ne nous restera peut-être plus que le rire. S’il est subjectif, la preuve étant la présence même d’un public aux spectacles des Chevaliers du Fiel, il est aussi vital. 

Étant quelqu’un qui aime profondément et viscéralement rire, je sais qu’il est indispensable pour vivre mieux. Il peut par la même occasion instruire, sensibiliser et nous faire prendre un peu de recul, ce qui n’est pas négligeable.

L’humour pour contrer l'éco-anxiété

Si vous habitez la région parisienne et êtes amateurs de stand-up, vous pouvez vous offrir gratuitement une bonne tranche de rigolade devant le Greenwashing Comedy Club. Ce collectif d’humoristes engagés enchaine les blagues sur l’écologie, le capitalisme et l’éco-féminisme, sans être moralisateur. 

Vous pouvez aussi (re)voir Don’t look up, qui a remporté un gros succès lors de sa sortie en 2021 sur Netflix. Cette comédie satirique évoque les progrès à faire pour préserver notre planète et tente de faire émerger une prise de conscience sur l’inaction climatique. 

Et sur Internet, Malheurs Actuels, lancé l’an passé par un chercheur en communication environnementale, tente de nous « sensibiliser autrement ». Sorte de Gorafi de la question écologique, il utilise l’humour absurde pour faire comprendre aux réticents et autres climatosceptiques que notre maison brûle, de plus en plus violemment et de plus en plus rapidement. 

L’humour est dans la place, il est rentré dans la bataille. 

Alors, rions

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