L’espoir dans les chansons de The Killers

the killers

Si un jour, j’en venais à écrire mes mémoires, à moins que j’invente un truc de fou dans les prochaines années, ce ne serait probablement pas bien passionnant à lire. En revanche, il est fort probable que quelques lignes de prose écrites à la sueur de mon front évoquent mon amour pour les chansons du groupe américain The Killers.

Parce que j’aime à me rappeler que dans ce vaste paysage musical, où se côtoient Charles Aznavour, The Offspring et les 2B3, de nombreux groupes tels, que The Killers et Oasis, ont su développer leur propre style. Ces deux groupes se démarquent par un son distinctif, mais également par les thèmes qu'ils explorent à travers leurs chansons. Alors que les textes d'Oasis explorent de manière récurrente la question de l’identité, The Killers, quant à eux, naviguent à travers les méandres de l'existence humaine, avec tout ce qu’elle offre en terme d'espoir

Me sentant aujourd’hui d’humeur optimiste et à peu près joviale, je souhaite donc vous parler de ces grosses doses de réconfort et d’inspiration que peuvent apporter The Killers. De toutes ces fois où ils nous ont incités à surmonter les obstacles, à garder confiance en nous et en ce petit vent salutaire qui fera tout tourner pour le meilleur.

Le groupe nous rappelle en effet, avec des mélodies entrainantes, que même lorsqu’on se sent désespéré.e, submergé.e ou enfoui.e sous les difficultés en tout genre, un lendemain plus lumineux - et tous les jours qui suivent - ne sont pas hors de portée. 

Accrochez donc vos ceintures et préparez vos sourires, The Killers et moi, on vous emmène sur la route de l’optimisme.

Qui sont The Killers ? 

En 2002, alors que l’on pouvait en France officiellement payer en Euros, est sorti Spirit, l'étalon des plaines. Dans ce dessin animé, qui fut pour moi l’objet de nombreuses larmes, on y suivait un cheval sauvage nommé Spirit. Il incarne la résilience et la détermination et nous montre que même dans les moments les plus sombres, il est possible de trouver de la lumière. Comment, me direz-vous ? Et bien en gardant la foi, que ce soit en soi, en quelqu’un d’autre, en l'avenir ou encore en un idéal.

hot fuss the killers

Pochette de Hot Fuss

Hasard ou pas, cette même année à Las Vegas, le chanteur Brandon Flowers créa avec le guitariste Dave Keuning le groupe The Killers, complété plus tard par le batteur Ronnie Vannucci et le bassiste Mark Stoermer. Influencé par des légendes de la musique telles que Depeche Mode, Oasis, David Bowie et The Smiths, il leur suffit d’un album pour séduire les oreilles du monde entier. Hot Fuss, sorti en 2004, fut en effet acclamé à l'échelle mondiale et connu six successeurs, tous salués par la critique et tous rencontrant un important succès commercial.

Leur musique, souvent décrite comme un mélange de pop, de rock indépendant et de new wave, a captivé des millions de fans à travers le monde. Avec plus de 30 millions d'albums vendus et de nombreuses récompenses et nominations accumulées au fil des ans, The Killers reste l'un des groupes les plus emblématiques de la scène musicale contemporaine.

À mon sens, tout cela est en partie dû au fait que leurs chansons inspirent un fort sentiment d'optimisme. Tout comme peut finalement l’être Spirit, l'étalon des plaines. Je vous l’accorde, ma comparaison est bancale, les deux appartenant à des médiums complètement différents. Ils partagent cependant un thème commun, qui résonne en de nombreux spectateur.ice.s et auditeur.ice.s : l’espoir

L'acceptation des imprévus 

Selon le Larousse (oui, je suis comme ça, je sors des définitions du dictionnaire), l’espoir est en gros le fait d'attendre avec confiance la réalisation de quelque chose. Ce sentiment positif incite à anticiper des résultats favorables et s'accompagne d'une confiance en l'avenir. Il peut également être associé à des personnes ou des choses en lesquelles on place des attentes positives.

Il consiste également à garder une attitude constructive face aux défis et incertitudes et donc à accepter les imprévus. Lorsque vous comme moi acceptons les imprévus, nous admettons que la vie est changeante, ce qui est plus que compatible avec ce sentiment de bonheur et de liberté

Cet aspect se reflète dans les paroles de Read My Mind, extraite de l’album Sam's Town. Cette chanson nous parle de l’envie de quelque chose de plus, associée à une certaine nostalgie, indiquée par la mention des "good old days". On y décèle également la volonté de se débarrasser de la routine et de la monotonie d'une ville où il ne se passe probablement pas des tonnes de choses - "Breakin' out of this two-star town". Là, l'idée de “changer la donne” - "turn this thing around" - donne le sentiment d'avoir le feu vert pour aller n’importe où, y compris au-delà de toute difficulté. La mention de "It's funny how you just break down, waiting on some sign" reflète quant à elle une acceptation du caractère imprévisible de la vie. Si l’on attend une “sorte de signe ou de direction”, cela indique que nous reconnaissons les incertitudes. Ce qui est déstabilisant, mais ce qui montre également que nous sommes ouvert à ce que l’avenir nous réserve, y compris à ce qu’il nous réserve de plus beau

Thème que l’on retrouve également dans Everything will be alright. Cette chanson, qui souligne un message “doudou”, à la fois positif et réconfortant, est présente dans la saison 2 de Newport Beach - information que j’aime rappeler dès que possible, parce que je trouve ça à la fois cool et rigolo. Bref. L'idée principale de la chanson semble être que, malgré les épreuves que l’on traverse, il faut garder la conviction que tout finira par s'arranger.

Brandon Flowers commence par y évoquer la foi en quelqu'un - "I believe in you and me" et la détermination à trouver cette personne. Il répète ensuite "I never knew, I never knew but it's alright, alright", qui suggère que pour cela, il accepte toute surprise de la vie. Il exprime ensuite sa conviction en la réciprocité de l'amour ("I believe that my life's gonna see, the love I give return to me"), en ayant pour certitude que le positif sera évident à l'avenir. Par la même occasion, cette chanson met en avant l'idée que l'amour est un bon compagnon dans la quête universelle du bonheur. Il nous fournit motivation et force et nous permet de surmonter n’importe quoi

L'espoir dans la différence

Aller au delà des obstacles, donc, un vaste programme. Toutefois toujours plus évident lorsque l’on embrasse totalement qui l’on est vraiment. Je ne prétends pas que c’est facile, et je ne pourrais pas faire un tuto sur comment faire, vu que je n’y suis pas encore parvenue. Mais ce qui est sur, c’est que les membres de The Killers sont, sur le principe, d’accord avec moi et le déclament avec la chanson Human.

Dans cette dernière, ils explorent l’aspiration à devenir meilleur, malgré nos imperfections et nos bagages émotionnels. Par la même occasion, ils proposent une réflexion sur la véritable nature de notre être, comme le suggère la phrase "Are we human or are we dancer?" - "Sommes-nous humain.e.s, ou sommes-nous danseur.se.s ?". Inspirée par une remarque de Hunter S. Thompson, qui affirmait que l'Amérique "élevait une génération de danseurs, ayant peur de faire un pas de travers”, cette question semble de prime abord un peu innocente. Elle fait certes danser les foules depuis de nombreuses années, mais a aussi le mérite de parler de la tension entre l'individualité et la conformité. Être "humain.e.s" représente en effet l'expression authentique de soi-même, tandis que "danseur.se.s" évoque l’absence d’originalité et le fait de suivre les règles établies. 

Je ne peux pas m’empêcher de me dire alors qu’Human, plus qu’une réflexion sur l'existence humaine, insuffle de l'optimisme. Elle suggère en effet que notre individualité et notre vivacité nous permettent de nous libérer des contraintes et des pressions sociétales. Une fois cela fait, on pourra alors se mettre à chercher des liens authentiques avec les autres, au-delà des apparences. Là, on peut trouver de l'espoir, voire même de la magie, dans nos relations et dans le monde qui nous entoure.

Et c’est à ce moment-là qu’il faut se mettre A Dustland Fairytale dans les oreilles. Sans vouloir vous donner d’ordres, bien sûr. Cependant, elle est, à mon sens, tout à fait complémentaire d’Human, car elle nous évoque l'idée de transcender les différences sociales et économiques pour atteindre quelque chose de grand en se rapprochant de l’autre.

Brandon Flowers a expliqué avoir écrit cette chanson alors que sa mère luttait contre un cancer. Il y raconte la rencontre entre ses parents alors qu'ils avaient tous deux 15 ans et vivaient dans un parc de caravanes. Sous forme de récit, il présente deux personnes qui trouvent un lien spécial. Un lien qui transcende tout, que ce soit la pression sociale, les attentes de leur entourage et/ou les préjugés en tout genre. 

Ensemble, ces trois chansons offrent une perspective équilibrée sur les défis et les beautés de la vie humaine. Ne reste plus qu’à persévérer et à naviguer vers l’épanouissement, vers le nirvana total. Et comme The Killers ont pensé à tout, ne vous inquiétez pas, ils ont d’autres chansons pour cela. 

La persévérance et la foi en un avenir meilleur 

All These Things That I've Done et boy des Killers ont quasiment 20 ans d’écart. A la fois différentes et tout à fait complémentaires, elles ont en commun le thème de la croissance personnelle et de la persévérance. Elles partagent toutes deux un message fort sur la résilience, le développement personnel et la quête d’un chemin assez fameux, tantôt sinueux, tantôt rude mais aussi tellement beau, que l’on se retrouve tous à parcourir : celui vers un joli futur.

All These Things That I've Done nous parle de l'animateur de télévision Matt Pinfield, qui travaillait pour un programme de mentorat pour les soldats musiciens blessés ou atteints de stress post-traumatique en revenant d'Irak.

On entend cependant dans cette chanson une allégorie du fait de grandir, de passer à autre chose dans la vie et de rechercher une forme de rédemption. Certaines paroles comme "I've got soul but I'm not a soldier" ("J'ai de l'âme mais je ne suis pas un soldat") sont certes en lien avec les engagements de Matt Pinfield mais elles véhiculent aussi un message de force intérieure et de détermination à rester fidèle à ses valeurs, même lorsque la tâche n’est pas aisée. Les références à "last call for sin" (“dernière chance pour le péché”) et "battle is won(“la bataille est gagnée”)  évoquent alors une victoire sur les défis et les obstacles, ou en tout cas sur ce qui posait soucis. 

Pochette de boy

En écho peut-être, ou alors par volonté de nous offrir un morceau avec une perspective plus mature et optimiste, les membres du groupes ont écrit boy en 2021. Ils étaient donc plus vieux, et cela se sent, de manière positive. 

Brandon Flowers expliquait à propos de ce morceau à Rolling Stone qu’il avait pour volonté de s’adresser à lui-même et à ses fils, en se disant de ne pas trop réfléchir. “Et de chercher les flèches blanches dans leur vie”, qui, comme il le dit à travers les paroles “briseront la nuit noire”. Ce qu’on peut voir comme des forces, des opportunités ou simplement des moments de clarté, qui pourrait éclater d'on ne sait où, pour surmonter n’importe quoi. Des sages conseils se trouvent donc dans boy, tels que "Don't overthink it, boy", qui donnent l'idée de ne pas trop se compliquer la vie. À d’autres moments, on peut y entendre des témoignages de l’attitude positive envers le temps qui passe - "Just give yourself some time", "That's just growin' up" et "There is a place that exists, Just give it some time".

Cet optimisme envers l’avenir renvoie à une recherche de lucidité, qui à son tour alimente une quête de liberté intérieure. Pour cela, rien de tel que de prendre des décisions audacieuses, qui nous feront échapper à la monotonie. Si Caution le dit, Runaways l’exprime de manière encore plus vigoureuse et dynamique, avec des paroles telles que "Let's take a chance, baby, we can't lose" ("Prenons une chance, bébé, nous ne pouvons pas perdre"). Cri de ralliement contre la complaisance, ce morceau insuffle un sentiment de courage et de détermination à poursuivre ses aspirations, tout en offrant l’aperçu d’un avenir plein d’opportunités. A côté de cela, les mentions du mariage un vendredi soir et d’un futur enfant reflètent une envie de stabilité et de responsabilité face à l'avenir. Et donc une volonté de faire des choix de vie autonomes dans un monde plein de possibilités et de choix.

Comme quoi, en combinant les quatre chansons, on aurait même pas besoin d’aller voir des coachs de vie. On obtient déjà en effet un dessin du voyage vers l'épanouissement personnel et la réalisation de soi. Elle est pas belle, la vie !? 

Brandon Flowers © Anton Corbijn

Brandon Flowers, chanteur du groupe © Anton Corbijn

Ceci étant dit, les membres du groupe ne sont pas non plus des fanfarons et certains morceaux ont des thèmes assez badants. La crise des opioïdes, la mort et les secrets enfouis d’une petite ville d’apparence “tranquille et sans histoires” constituent la chanson Quiet TownSam's Town explore, comme son nom l’indique, le quotidien de celleux qui ont des aspirations, mais ne sont pas touché.e.s par le fameux “rêve américain”. Quant à Land of the Free, écrite suite à la tuerie de l'école primaire Sandy Hook en 2012 qui causa 26 morts dont 20 enfants, elle parle d’injustice sociale, de violence armée, d'incarcération de masse et de la proposition de Donald Trump de construire un mur entre les États-Unis et le Mexique. 

Mais aujourd’hui, j’ai envie de me dire que dans un monde souvent marqué par les conflits, l'incertitude et la complexité, la musique de The Killers nous rappelle que l'espoir est une force incroyable. Elle peut nous guider à travers les journées nulles et les moments difficiles et surtout nous inspirer à poursuivre nos rêves, même lorsqu’ils semblent bien trop fous. 

Alors, vive The Killers, vive Spirit, l'étalon des plaines, vive les rêves. Et surtout, vive l’espoir. 

Parce que tant qu’il y a de la vie, y’a quoi ? De l’espoir

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